Je vis et travaille à Lille,
Je crois que le sentiment, ou plutôt la sensation qui me caractérise le plus au départ est celle de « non appartenance »
Je viens de mon enfance , de celle de ma mère, grandie trop vite avant d‘être petite,
De celle de mon père cloué à sa fragilité,
De mon envie de réparer, de protéger , de raccommoder les déchirures,
et de ma fuite aussi devant tant de poids,
Je viens de ce sentiment constant de solitude au milieu des autres, de cette faille ; « je ne suis pas de celles qui brillent »,
Je viens aussi ( avant tout ?) de la perte, immense,
de l’absence .
Je viens aussi de la naissance , de mon amour immense de la nature, des arbres, du sentiment d’y être à ma place, du besoin vital d’y être chaque jour raccordée.
Du désir acharné, intime, impérieux de VOIR, de REGARDER de tous mes yeux ce qui ne se montre pas au premier regard, ce qui se cache , le détail, l’ombre d’un sourire, le frémissement , l’éclat fugace,
De le donner à voir ,
De m’en sentir vivante, accomplie.
Je n’ai jamais su coudre vois-tu,
Mais maintenant que je marche pour toi,
Je t’inscris à chacun de mes pas,
Je n’ai plus de maison hors le fil de ton nom
Qui file sur la branche ,
S’agrafe à la toile d’araignée,
Le soir…après la pluie…
2 avril 2018
Photographie ©Isabelle Baudelet – M sur m Août 2018