Je travaille sur un papier parchemin, je cherche le grain, la fibre, ce qui accroche un peu mon feutre à encre, ce qui n’est pas lisse, ce qui vit. C’est ma base, cousue souvent à des fragments de toile écrue,à du calque jauni.
Viennent se coller et se coudre ensuite au dessin et aux mots des déchirures de papier ancien, peintes à l’acrylique, les bribes végétales, ramassées dans mes marches quotidiennes, gardées parfois depuis des années et qui ont vieilli (mousses, feuilles mortes et squelettes de feuilles, brindilles, pétales, plumes…), comme ont vieilli les bouts de tissu, les dentelles….
Leur histoire continue de se dire en silence:la robe portée, gardée précieusement, bientôt émiettée, les tissus glanés pour un ouvrage splendide, qu’on a jamais pu faire… Ce que je garde de toi, de vous, et qui n’a d’importance qu’à mes yeux.
Par mes mots qui s’écrivent en même temps que se construit le « dessin », par mon dessin et ce fil qui relie, je crée une autre histoire, qui est encore la mienne, la nôtre.
Anne Sophie Oury Haquette
Photographies ©Asoh
Photographie ©Ib