Une sorte de retour en arrière, de retour aux sources, pour mieux voir, comprendre, continuer bien sûr, rester en accord total avec moi-même, avec ce que je veux me dire, et dire, ce que je veux donner à voir, transmettre ?….
Remettre en lumière le- les- fil-s-conducteur-s-, ce qui tisse la trame unique des différentes pratiques, écrire, dessiner, coudre,..
Ce que partout je retrouve ? l’amour des Petits Riens, l’envie que cela se dise, que cela se lise, existe, se montre : la nervure, le fil de la toile d’araignée, le grain de l’eau dans la lumière, l’ombre alors ! Ce qui bruisse, un craquement à peine audible, la craquelure, la façon qu’ont les feuilles de se resserrer sur elles-mêmes, l’épanchement de la branche vers l’eau, les méandres, le nœud de l’écorce, l’échancrure de la mousse sur la terre……Et puis le tremblement, le souffle, l’usure sur le pouce du gant de ma mère, la déchirure au gilet, la fibre, la tache, la trace, l’écho…
Ce qui reste de Vous ,le parfum, les effluves, la Présence, l’inflexion d’une voix, le pli d’un sourire, la chaleur …
Voir, chercher à voir, toujours être en éveil, dans l’émerveillement, même si l’absence, même si la haine ,la violence, la bêtise…. Continuer, avec acharnement, mais sans rage….
Alors coudre ! Rassembler ! recoudre ! recomposer !
Coudre ce qu’on ne peut pas coudre ; le filament, le squelette, le papier qui s’émiette, la graine, le pétale froissé, la dentelle jaunie, le calque qui casse….des fragments et des bribes, créer une unité multiforme où le mot se devine ,s’expose, devient dessin, fil, où le fragment s’attache au trait, s’y mêle, le souligne, dessiner en cousant, écrire que je couds, coudre des mots…
Anne Sophie Oury Haquette
le 27 novembre 2019
Photographie ©ASOH
Merci pour ce très beau texte
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