Les Sarabandes

Les Sarabandes c’est fini…

Et j’en suis encore toute éblouie !

Merci à Joël et Nanou, Jocelyne et Momo, Matthieu, Joël,et toute cette incroyable équipe,aussi professionnelle que chaleureuse,

Merci à tous ceux qui nous ont régalés et qui, chacun à leur façon, ont fait de ce festival un moment unique, merci à Nadine de m’avoir hébergée,

Merci aux artistes, à ceux que j’ai rencontrés, à ceux que j’ai admirés,

Merci à tous ceux qui sont venus me voir,ont pris le temps de tourner des pages,de lire,de regarder vraiment, d’échanger…

Je garde en mémoire des instants très forts de partage,de sourires,de larmes, d’émotion vraie,de cadeaux… j’en suis encore toute remuée…

Juste envie de continuer à croire au Beau,au Vrai.

Dans ce monde qui voudrait qu’on oublie l’Essentiel, je continue à résister,

Merci

Anne Sophie Oury Haquette

Le chemin

Il y avait sept petites chemises

Comme autant de frères,

Mais peut-être étaient ils moins ?

Peut-être était-ce juste celui-là

Si beau,si vivant,

Pour lequel, inlassablement,je couds des vêtements.

C’est ton absence qu’à petits points je couds,

Dénouant pierre à pierre les murs entre toi et le monde,

Te créant un passage.

A écouter comment ça résonne le manque, la faille,

Comment pourtantça éclaire,

Comment ça ouvre des fenêtres sur l’or de ta Présence,

Je trace un chemin,

À chaque point,

traversant les apparences,je jette un pont,

Ainsi je me redessine,

Je me recouds,

Tu te retisses,

Loin de la transparence,du diaphane,

Tu redeviens, dans toute ta singularité.

©Asoh

Petite chemise de fée

35/45 cm

Pour les Sarabandes

24/26 juin, Rouillac.

Les Ombres

Les Ombres

Nous sommes passés,

Les bras chargés de lilas,de muguet,

Nous sommes passés tout occupés à croire,ou à faire semblant,

Dans les odeurs attardées d’encens…

Je couds maintenant dans ce petit jardin entouré de murs,

Une idée de forêt au milieu de la ville,

Je couds la rumeur,

Cette tranquillité étrange, pleine de chaos, d’effroi,

Je me panse le cœur, à la chaleur trop vite installée,

Au bourdonnement,

A la sève de l’arbre fraîchement planté qui nourrira les oiseaux,

Tout résonne : l’Alouette comme le glas,le vent, l’attente,la peur, l’espérance ;

Est ce que cette fin peut être un début ?

J’ai ouvert grand à l’abeille étourdie qui cognait au carreau,

Je peux nourrir l’oiseau, soigner le chat,

Tout à l’heure je ferai un gâteau, souriant à ceux que j’aime…

Je ne peux pas vous prendre dans mes bras.

Je couds les ombres qui passent,les consolantes et celles qui me hantent,

Je couds mon cœur qui se serre, se dilate,

Je pense à vous à l’instant où j’écris.

Les Ombres (22/24 cm)

©Asoh

Les oubliettes

Est-ce qu’on sera toujours là?

Dites moi,dites moi,

À nous serrer si fort

Des flammes au bout des doigts

Dans le même mouvement d’une danse muette ?

Est-ce qu’on aura encore

Des envies dans les yeux, dans la bouche

De cœurs à embrasser,

De corps à caresser ?

Est-ce qu’on sera debouts ?

Encore droits, encore fiers ?

Et la plaine ?

Sera-t-elle toujours là

Si je peux la nommer au dessus du fracas ?

Et l’enfant ?le loup ?le fleuve ?

Auront-ils encore des contours,une épaisseur visibles,

Comme éclairés de l’intérieur ?

Et vous ?

Dites moi,dites moi,

Que deviendrez vous au fond des oubliettes de nos mémoires ?

Chaque matin s’éveille sous la pluie,

Le train roule comme si de rien n’était pendant que vous mourez.

Anne Sophie Oury Haquette

Mais personne, jamais, ne s’éteint

Mais personne, jamais, ne s’éteint;

Vous parlez tout bas derrière le brouillard,

Douces évanouies,

Légères à ma solitude.

Je ris avec vous dans le silence ;

Vous répondez à ce que je tais.

Mes oiseaux,

C’est à moi maintenant de vous redonner corps;

Que vos coeurs se dégèlent au creux chaud des églises,

Que vos pas incertains retrouvent la danse…

Obscure, je tisse votre lumière,

J’articule un trousseau de vent,

Je couds votre Présence.

©Asoh

Les invisibles

Les invisibles

Ceux-là un jour ont perdu l’équilibre,

Qui pourtant reprennent à chaque fois le même chemin,

Coeur et jambes dérobés,

S’accrochent au même obstacle,

À la même ornière.

Celle-ci a largué ses racines,

Âme noyée,

Elle navigue à vue,

Loin de l’illusion des ancres.

Lui est assis au bord de la chaise,

Pieds crispés dans les chaussures,

Tout entier absorbé par le dessin vivant des veines de ses mains.

Ils regardent par la fenêtre la pluie tomber,

Hors de,

Juste au dedans d’eux-mêmes,

Les invisibles,

Ceux que j’aime.

Ça résonne en eux comme dans la chambre oubliée d’un château,

Ça sent la chapelle, perdue au fond d’un bois,

Les abricots qui suent de sucre dans les grandes jattes…

Ce sont eux pourtant qui sortiront sous l’eau allumer des lumières;

Resteront là longtemps,

À se vêtir d’escarbilles qu’ils offriront la nuit tombée à ceux qui ont encore soif de clarté.

©ASOH

Porte fée

                         


Que coule à travers moi l’eau des forêts, 

La lumière des tiges perlées,            

L’humus,            

La mousse,            

Comme autant de flammèches ;             

Vois tu dans ma main fleurir les étoiles ?              

De toute ma maladresse,              

Timide,              

Gauche,              

Je m’essaie porte fée,              

Ma robe est une valse,              

Et si mon pas hésite,              

Pourtant je tourne,              

Comme la mélopée de la pluie en automne,              

Penche toi,                

Écoute le ramage de la pluie dans le soleil,                

Un miracle,                

Une forêt,              

Une île…                

Même si tout s’accroche,                

Même si tout se tend,                

Si tout se fend…                

Ce que je ne sais pas dire.

Anne Sophie Oury Haquette

Les cerfs

Il faudra désormais suivre les cerfs,

Tu laisseras à la lisière ton habit de ville, tes ailes, jamais ouvertes,

Le jour se lève à peine,

Tu marcheras pieds nus dans les festons du gel, sous les arbres qui chantent,

C’est une invocation muette, loin des maisons grises,

Si loin des rues sans nom où claquent des pas inconnus: Cerf, Biche, Oiseau,

Tout ce qui fuit à notre approche : Emmenez moi!

Que je glisse mes doigts dans vos plumes, dans vos fourrures vivantes,

Laissez moi caresser vos bois duveteux,

Que je colle à vos coeurs battants mon oreille !

Avant que mes fils s ‘effilochent,

Avant qu’ils ne s’emmêlent,

Avant que tout se casse…

Je veux plonger O ravie !

Dans les lacs de vos yeux jusqu’au recueil de moi,

Jusqu’à la chambre obscure où je danse ;

Compagne tranquille de l’indicible, je marche sur la sente,

Je ne laisserai aucune trace.

Anne Sophie Oury Haquette

Le jour d’hiver

Le Jour d’Hiver

Le long jour d’hiver dormait encore dans ses draps blancs…

J’ai quitté la maison

-la porte reste ouverte-

Le ciel roule ses voiles au ras des champs qui s’allongent,

Contre les herses d’arbres nus, comme soldats désoeuvrés…

J’ai marché…

Tout ce jour, je l’ai tricoté du haut de la colline,

A vous aimer encore à chaque maille jetée,

Les bras dépliés,

Les pieds dans la terre gelée

-mais dansants !-

A piquer des étoiles, des rires, des chaleurs,

Voici que je balance au- dessus des murs,

A travers les grillages ;

C’est comme broder des délices dans la boue !

Ancrée, je bondis au-delà des naufrages !

La courte journée d’hiver s’est jetée dans l’eau du fleuve,

Là, tout en bas…

Je redescends chez moi ;

Les oiseaux sont passés,

Le cerf…

Le chat dort toujours sur la chaise…

Allumer le feu,

Réchauffer la soupe,

M’asseoir devant la nuit de la fenêtre…

Je pose sur la table les ors du jour ;

Ce qui a été, ce qui est ou essaie d’être,

Ce que je veux qui soit ;

Ils scintillent,

 Ils chuchotent….

Toute la nuit,

Dos courbé,

Mains griffées,

Près du chat qui s’étale,

Je vais les coudre en arabesques,

En boules d’un autre Noel…

Et les regarder vivre…

Et vous regarder vivre.

Anne Sophie Oury Haquette

Le manteau du jour d’après…. et son trousseau

Le manteau du Jour d’Après a poursuivi son voyage au fil des lectures….

Après Berlin et Lyon, je l’ai porté pour  le finissage de «  Vibrations Textiles » en août dernier….

Depuis…Il attend comme nous tous des jours meilleurs….

Je continue à coudre ce qui ne se coud pas ; les mousses, les branches et le calque, les rubans, les plumes et les dentelles, les mots et les papiers deviennent maintenant chapeau et  petite chemise de fée…

Je n’ai pas fini ce trousseau étrange…

Anne Sophie Oury Haquette

Mes doux fantômes…

Mes doux fantômes sentent les étoiles sur la neige,
Le crissement de l’herbe au midi de l’été.
Ils me suivent des yeux du haut de la passerelle
Où souvent ils dansent,
Ils me suivent du coeur
Moi qui passe dans mes manches de souci…

J’ai posé pour eux sur le rebord de la fenêtre
Une orange piquée de girofle,
Le tourbillon de la danseuse coquelicot
(Oh cet après-midi là !)
Les gaufres,
Le sel sur nos visages.

J’ai posé la chaude attention de tes mains,
La caresse de tes yeux lissant mon front,
Et j’ai dansé.

Texte et photographie ©ASOH

Ecrire un bilan…

 

Une sorte de retour en arrière, de retour aux sources, pour mieux voir, comprendre, continuer bien sûr, rester en accord total avec moi-même, avec ce que je veux me dire, et dire, ce que je veux donner à voir, transmettre ?….
Remettre en lumière le- les- fil-s-conducteur-s-, ce qui tisse la trame unique des différentes pratiques, écrire, dessiner, coudre,..
Ce que partout je retrouve ? l’amour des Petits Riens, l’envie que cela se dise, que cela se lise, existe, se montre : la nervure, le fil de la toile d’araignée, le grain de l’eau dans la lumière, l’ombre alors ! Ce qui bruisse, un craquement à peine audible, la craquelure, la façon qu’ont les feuilles de se resserrer sur elles-mêmes, l’épanchement de la branche vers l’eau, les méandres, le nœud de l’écorce, l’échancrure de la mousse sur la terre……Et puis le tremblement, le souffle, l’usure sur le pouce du gant de ma mère, la déchirure au gilet, la fibre, la tache, la trace, l’écho…
Ce qui reste de Vous ,le parfum, les effluves, la Présence, l’inflexion d’une voix, le pli d’un sourire, la chaleur …
Voir, chercher à voir, toujours être en éveil, dans l’émerveillement, même si l’absence, même si la haine ,la violence, la bêtise…. Continuer, avec acharnement, mais sans rage….
Alors coudre ! Rassembler ! recoudre ! recomposer !
Coudre ce qu’on ne peut pas coudre ; le filament, le squelette, le papier qui s’émiette, la graine, le pétale froissé, la dentelle jaunie, le calque qui casse….des fragments et des bribes, créer une unité multiforme où le mot se devine ,s’expose, devient dessin, fil, où le fragment s’attache au trait, s’y mêle, le souligne, dessiner en cousant, écrire que je couds, coudre des mots…

 

Anne Sophie Oury Haquette

le 27 novembre 2019

Photographie ©ASOH

Le manteau du jour d’après

Je porterai mon manteau du jour d’après … mon manteau d’échos….
pour le festival Lollapalooza à Berlin les 7 et 8 septembre ,
et pour le vernissage de mon exposition :  » A l’ombre d’or de l’oiseleur  » durant la BHN de Lyon, le 18 septembre à la bibliothèque Saint Jean…. J’y lirai un certain nombre de mes textes.

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La passerelle
Le jour d’après
Je renais ;
Je plonge la main dans ce limon :
Ce qui reste de mes chemins,
Ce qui de vous demeure
Un minuscule dédale d’étoffes caressées, de laines tressées,
Des mots en fragments friables,
Des idées de feuilles,
( ……..)
Je commence à coudre un manteau d’échos …
(………)

Anne Sophie Oury Haquette

Au fil de cette année

Cette année entre août et octobre, trois évènements vont me permettre de montrer trois aspects différents de mon travail, reliés par ce même fil : l’écriture et l’autre vie de ces « petits Riens ».

16-30 Août 2019 : VIBRATIONS TEXTILES, Paris

 

 

Je participerai à la troisième édition de VIBRATIONS TEXTILES à Paris, galerie du Montparnasse sur la proposition de  Patricia Michel, présidente de l’association As de cœur.

https://www.facebook.com/ASdeCoeur-à-Paris-209068009286395/?tn-str=k*F
J’y exposerai entre quinze et vingt petits formats de la « Trame du Tout Petit » (fragments cousus ) ainsi que des dessins à l’encre et au feutre à encre, associés à ces mêmes fragments.

7 et 8 septembre 2019 : Festival Lollapalooza de Berlin :

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https://www.lollapaloozade.com/

Invitée par Fruzsina Szep , directrice du festival Lollapalooza de Berlin, j’interviendrai dans un espace dédié, comme chaque année, à des manifestations artistiques autres que la musique.
Je créerai pour cette occasion, une performance autour de mon manteau, et entrerai en contact direct avec le public.

 

8 septembre – 5 octobre 2019 : Biennale Hors Norme LYON:

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http://www.art-horslesnormes.org/

Je suis ravie d’avoir été sélectionnée pour la BHN de Lyon sur le thème « Le jour d’Après» qui me parle tellement…
J’y exposerai essentiellement mes « grandes pages » , à la Bibliothèque Saint Jean.

 

 

 

A suivre..

 

La couturière

Une ombre de couturière s’endort à la fenêtre, fatiguée de ses vieilles histoires…
Mais aujourd’hui… voilà …
il neige !
La toile lourde devient mésange sur ses genoux,
Dentelle au carreau…
Presque s’envole !
Je découpe alors tous les mots de tes lettres, un à un,
……
Anne Sophie Oury Haquette

extrait de La couturière, texte et photographies ©Asoh

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Trame du tout petit

 

 

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« Me noyer dans ce qui ne meut pas »( 10 sur 14 cm encadré) toile de lin, dentelles anciennes, écriture à l’encre sur papier parchemin, brindille, page de vieux livre, fil argent, or,

 

 

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« Le Tout petit couleur d’éternité » ( 11 sur 15 cm encadré): feuille de physalis et fragments cousus: dentelle ancienne, coton blanc, ruban or, écriture et dessin à l’encre sur papier parchemin

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L’homme aimé, (11 sur 15 cm encadré); page de vieux livre, coton rouge, graine ramassée, lichen, dentelles anciennes, brindille, papier doré, écriture à l’encre sur papier parchemin

 

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ruban, dentelle ancienne, page de vieux livre, papier doré, toile de lin, papier parchemin peint à l’acrylique, pétales,écriture; encre sur papier parchemin  / 15 sur 24 cm hors cadre

 

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« Note même félée » ( 12 sur 16 cm encadré) fil argent, dentelles anciennes et toile de lin, mousse et lichen, fragments peints à l’acrylique, vieille page, petite couverture bleue et image ancienne, gaze dorée

 

 

La fenêtre

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Papier parchemin, lin et dentelle, bois, squelettes de feuilles, mousses, pétale, calque jauni, page de vieux livre, encre, écriture…. 18 sur 19 cm

Bientôt ne restera de la maison que la fenêtre ouverte et ce qui vit dedans ;
La princesse de Rien au manteau des jours passés,
Au manteau du jour d’après ;
Oraisons aux boutons des poignets,
Nœuds de l’absence aux coutures,
Mille cloches d’églises oubliées sonnaillant à l’ourlet, un peu défait…
Soie des brumes et des aurores de toutes les saisons,
Étoffe chaude de sa peau…

Extrait de la fenêtre ©ASOH

Photographies ©ASOH

Nuit des Arts – 18e édition 30 novembre – 2 Décembre 2018 // Roubaix

Programme : https://fr.calameo.com/read/000053137a0d40b115899?fbclid=IwAR2-R9s3qYXS4EvKCmjRwwDNXFN98zFGYQ19LB5D3Qjy5iX-g2LOUvls2LM

 

 

Anne Sophie Oury Haquette

à

LIBRAIRIE DES LISIERES-ROUBAIX

 

  • Vendredi 30/11 de 10 à 19 h
  • Samedi  1er décembre de 10 à 12 h et de 14 à 23 h,
  • Dimanche 2 décembre de 14 à 17 h

le jour d'après

 

Tout ce qui nous tisse…

Notre goût du Beau et nos yeux ouverts,

Nos amours perdues et ce qui nous hante,

Les bribes, fragments, déchirures, et tout ce qui reste : bouts de dentelle, feuilles séchées, pétales et plumes fanées, petit bout de laine d’un pull aimé, mousses d’un chemin parcouru…..,

Tout ce qui n’a de sens que pour nous ….

Voici ce que je collecte et garde précieusement , voici ce que maintenant parfois on me donne, chargé d’histoires et de senteurs d’une vie inconnue mais que je respecte….

Alors je tisse à nouveau ; à mon papier, à mes mots, à mes dessins à l’encre….

Une autre histoire se réinvente….que je vous invite à venir respirer…

Asoh

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https://www.ville-roubaix.fr/agenda/la-nuit-des-arts-18e-edition

https://www.facebook.com/events/535229286891043/

 

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Et s’il fallait exister encore,
Si je pouvais…
Il me faudrait cette roseraie,
Bientôt nue,
dans la lumière de ce matin d’octobre…
Il me faudrait l’église ouverte
où déposer l’ex-voto brodé…

Et que ton nom danse toujours
sur l’ourlet rouge de mes vieilles dentelles!

Prier l’abeille de bien vouloir rester,
encore un peu,
vivante,
les jardins stériles de nous pardonner
l’oubli de leurs berceaux,
et nos enfants
de garder chaude la mémoire,
comme un fardeau voulu,
presque heureux,
de brisures et de chaînes de coeurs.

Texte et photographie ©Asoh

 

Je n’ai jamais su coudre

Je n’ai jamais su coudre vois-tu

Mais maintenant que je marche pour toi

Je t’inscris à chacun de mes pas

Je n’ai plus de maison hors le fil de ton nom

qui file sur la branche

et s’agrafe à la toile d’araignée le soir …..

(…)

Extrait

©Asoh

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Couverture :toile écrue rigidifiée, bout de laine rouge.
Intérieur :sur page jaunie de livre ancien :dessin aux feutres à encre, fragments de mousses, dentelles, squelettes de feuilles, écriture.

 

 

Photographies ©Ib

L’or des forêts

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J’ai creusé à mains nues
Jusqu’à trouver la source de l’or des forêts,
Entre les ronces,
Les nœuds de l’écorce,
Où il est le plus chaud..

Je plonge la main,
Le bras,
Ma couronne d’immortelles,
Ma robe grise…

L’ étendre sur la mousse,
Lire, à voix haute,
Les nervures,
Les stries,
Les carapaces,
L’astragale,

Lire l’alouette…

Prendre mille fois ta main
Où s’encensent le souffle de l’herbe,
La parole de l’arbre,
Devenus tiens..

 Et je revêts la robe muée,
Baignée d’aurore.

Anne Sophie Oury Haquette.

17 Août 2018

Photographie Asoh

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Les oiseaux des enfants se sont perdus
Dans une mousson de boutons d’or…
« il faudrait les repêcher… »se dit elle…
Mais les enfants eux- mêmes ont disparu…

Alors elle se balance aux arbres qui vaguent,
Oublie l’ordre qu’il faudrait au jardin,
Pleut dans l ‘éparpillement de l églantier,
Et boit, jusqu’à la dernière goutte,
La liqueur douce amère de ce jour qui déjà
Touche à sa fin.

Anne Sophie Oury Haquette

22 mai 2018

Photographie Asoh

La Complicité

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Si j’arrête là ma course,
Près de la sauvagine qui tremble à la source,
J’aurai peut-être marché jusqu’au bout de moi.
Il me faudra alors devenir légère,
Aussi frémissante que l’eau, ou la tige penchée,
Ou peut-être arche de lumière sur la feuille,
Ce dos moite où la sueur scintille,
La gorge de l’oiseau,
Le berceau de l’arbre,
Juste, la complicité.

Anne Sophie Oury Haquette